Ce n’était pas qu’elle était pressée, elle ne l’était jamais vraiment. Mais Amy avait toujours eu tendance à ne pas vouloir arriver en retard, même dans un bureau où elle était seule à définir les horaires. Elle aurait pu se dire que ce jour-là, elle n’allait pas arriver avant telle heure, ça n’allait déranger aucun patron et aucun employé de toute façon. En fait, de façon générale, elle pouvait très bien ne pas définir d’horaire et venir chaque jour à l’heure qu’elle voulait sans contrainte mais elle n’aimait pas ce mode de fonctionnement parce qu’elle aimait être travailleuse et sérieuse et ponctuelle. C’était aussi simple que cela. Si elle ne se donnait pas d’horaire, comment pouvait-elle être disciplinée ? Alors elle s’en imposait et ne se donnait pas la possibilité d’être en retard ne serait-ce que d’une minute. Voilà pourquoi, en général, elle était un peu trop pressée le matin.
Ajoutez à cela qu’elle est nerveuse au volant et qu’en plus elle n’aime pas particulièrement conduire, et elle était en général un peu dangereuse au volant le matin. Elle ne s’en rendait même pas vraiment compte, pour elle c’était les autres qui la gênaient. Elle avait juste peu envie de se retrouver dans son prétendu retard à cause de tout ces foutus automobilistes qui n’étaient pas foutus de rouler au dessus de 20 km/h. Elle au moins, elle roulait à un rythme convenable. D’aucun pourrait penser que vu la pression qu’elle se met à conduire, elle pourrait tout aussi bien prendre les transports en commun, mais elle ne faisait pas confiance à cette petite mine d’or lorsqu’il s’agissait de retard. Prendre le bus alors qu’il partait déjà avec cinq minutes de retard de son point de départ, ça allait bien cinq minutes, elle avait autre chose à faire.
Sauf que ce matin-là, elle avait coupé la route à quelqu’un. Bon, elle avait ses raisons, elle avait pas fait ça par plaisir. Elle se trouvait sur le parking à distance égale entre le commissariat et son bureau. Elle en avait bien un plus proche de son cabinet, mais il était payant et elle restait là toute la journée alors ça commençait à revenir cher. Du coup, elle se garait un peu plus loin, là où c’était sûr qu’elle n’aurait rien à payer tout en restant garée là toute la journée. Ah, les grandes villes et leurs places payantes, sérieux. On pouvait habiter sur le trottoir même où était garé la voiture, on avait quand même parfois à payer pour stationner à cet emplacement ! C’était ridicule, et surtout bien trop cher. Elle ne gagnait pas tant que ça, et elle détestait avoir à demander de l’argent à son père. Elle détestait parler à son père de façon générale en fait. Alors elle évitait le plus possible.
Sauf qu’à vrai dire, les deux voitures avaient presque failli se rentrer dedans pour de bon, et elle avait eu peur. Ouais, jamais elle ne serait vraiment à l’aise en bagnole, rien à faire là-dessus. Elle avait toujours peur des accidents, sûrement intérieurement consciente qu’elle les risquait plus que les autres avec son style de conduite. Mais cette peur qu’elle avait eu l’énervait, et le second automobiliste semblait assez peu content lui-même. Elle sortit de sa voiture en prenant ses affaires, elle espérait bien qu’il n’allait pas l’engueuler, elle avait pas que ça à faire. Et puis façon, elle était sûre que d’une façon ou d’une autre, il était en tort.