Une journée de "repos" [Nathan / Valentine]

Ah, le centre-ville. J'avais oublié à quel point c'était vivant par ici : Entre les boutiques, les artistes de rue, les expositions régulières... Clairement, dommage que je n'ai pas énormément de temps libre en dehors du travail, ça serait sûrement plus agréable de passer l'après-midi ici qu'avoir à s'occuper de certains patients. Surtout celui avec la tignasse rose qui lui sert de chevelure, vraiment un sacré numéro : Le type passe son temps à sous-entendre des choses et à me faire des avances... Ce que j'ai envie de lui en coller une, par moments. Ça, l'occasion de pouvoir enfin s'habiller de façon plus décontractée, et la météo qui était superbe, ça annonçait une bonne journée. Pas que j'aime pas l'hôpital, mais l'ambiance là-bas est plutôt oppressante par moments et passer la journée dans une blouse n'a pas grand chose d'agréable.
« Valentine, tu es en repos aujourd'hui, arrête de penser à ton travail ! ». Pour une fois que j'avais la possibilité de passer la journée comme je le voulais, sans la moindre pression, il fallait que je pense encore et toujours à l'hôpital. Je savais que j'étais plutôt dévouée à mon job, mais là... Ça me fait même un peu peur.

Quoiqu'il en soit, je comptais bien profiter de l'après-midi tant que je le pouvais. Pas que ma soirée allait être naze, mais j'allais devoir la passer à m'occuper d'Alexis et on avait convenu d'aller voir le nouveau film de son héros préféré, le Ninja Billy. Un ninja en accoutrement bleu qui faisait de la musique... Sérieusement ? Les super héros avaient vraiment mal tourné.
Le début d'après-midi se passait plutôt tranquillement. Je faisais un peu le tour du centre-ville et des boutiques, pour au final me retrouver avec un sac de nouveaux vêtements au bout d'une heure. Vraiment génial. Je savais que c'était des fringues que je n'allais quasiment jamais mettre, en plus. Jusqu'à ce que je commence à ressentir une douleur aux pieds. J'avais plus l'habitude de marcher avec des talons, visiblement. C'était le moment parfait pour faire une pause du coup.

Je décida d'aller dans un petit bar qui semblait plutôt tranquille pour non seulement reposer un peu mes pieds, mais aussi pour me désaltérer un peu. Je suis rentrée un bref instant le temps de passer commande avant d'aller m'installer sur une des tables en terrasse, posant mon portable dessus et mes sac à côté de ma chaise. Ça aurait été un peu triste de s'installer en intérieur alors que je peux profiter du beau temps qu'il fait. Je mis les lunettes de soleil qui étaient dans mes cheveux avant de prendre mon portable... Enfin, avant d'avoir le temps de voir un type le prendre avant de commencer à courir ! Sérieusement ?! Il y a encore des pourris pareils ?

J'ai pas réfléchi et j'ai commencé à le poursuivre avant de très vite commencer à fatiguer... Sur le coup, j'avais oublié que j'avais mal au pieds et que courir avec des talons, c'est une idée nulle. Je ralentis donc, avant de m'exclamer en pointant du doigt le fuyard :

- Arrêtez ce type, il est en train de partir avec mon portable !

Sans compter qu'en plus, dans le feu de l'action, je suis partie en laissant mon sac à main et mon sac avec mes achats seuls sur la terrasse du bar... Super... J'allais sûrement me retrouver sans portable et sans mes possessions. Tu parles d'une journée de repos !

Valentine n'était pas la seule à avoir décidé de profiter de l'après-midi ensoleillée, puisque n'ayant pas d'affaire à traiter en ce moment, Nathan Archer s'était octroyé une petite virée en ville. Son objectif initial était de faire le tour des agences immobilières pour voir si des locaux correspondant à son projet de cabinet étaient disponibles. Mais l'aspect fastidieux de la tâche eurent vite raison de sa détermination, et il s'était retrouvé à la terrasse d'un bar, le même bar où la doctoresse avait choisi de venir se délasser quelques instants plus tard.

Il se tenait donc là, buvant à petites gorgées un excellent whisky qu'il avait commandé en arrivant, lorsqu'elle vint s'asseoir non loin de lui, avec de nombreux paquets sous le bras. Fidèle à sa réputation de séducteur invétéré, Nathan ne put s'empêcher d'observer Valentine derrière les verres teintés de ses RayBans Wayfarer, avec une discrétion qu'il avait eu le loisir de cultiver au fil des années. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle était dotée d'une beauté peu conventionnelle. La couleur de ses cheveux, un rouge vif qui tirait légèrement sur le rose, contrastait délicieusement avec ses yeux bleus, qu'elle choisit malheureusement de dissimuler à son tour derrière des lunettes de soleil. Quand à son physique, qu'il parcourut tout aussi rapidement, on pouvait dire que la jeune femme avait tout pour plaire.

Fidèle à ses habitudes, l'avocat envisagea donc une approche plus ou moins subtile, approche qui fut tuée dans l'œuf quand un individu profita d'un bref moment d'inattention de la jeune femme pour lui voler son téléphone portable avant de prendre la fuite. Malgré sa vivacité d'esprit, l'acte parut tellement improbable à Nathan qu'il lui fallut quelques secondes pour réagir. Tandis que la jeune femme s'était élancée sur les traces de son agresseur, Archer la suivit, non sans préalablement avoir ramassé les sacs abandonnés de Valentine. Il faut croire que son jogging matinal quotidien payait puisqu'en quelques foulées, il avait rattrapé la demoiselle, qui interpellait la foule dans l'espoir qu'on l'aide. Il la dépassa, non sans profiter de l'occasion pour lui remettre ses sacs en mains propres, lâchant au passage un "Je m'en occupe !", avant de poursuivre son sprint en direction du fuyard. Ce dernier avait de l'avance, mais l'écart diminuait à chaque enjambée de l'avocat, qui finit par le rattraper, avant de le mettre à terre par un croc-en-jambe savamment administré. Alors qu'il s'étalait de tout son long sur le bithume, son butin, le portable, avait volé dans les airs, mais c'était sans compter l'habileté de Nathan, qui le rattrapa au vol avec aisance.

Avec un sourire satisfait, il prit quelques secondes pour retrouver son souffle, avant de reporter son attention sur le malfrat, actuellement occupé à se rouler par terre en se tenant le genoux, qui avait apparemment heurté le sol assez violemment.

- Arf … Attendez une seconde, je suis sur que je peux trouver un jeu de mot sarcastique pour cette situation … Un truc du genre … "Vous êtes plutôt mal tombé, non ?". Quoi, ça ne vous fait pas rire ? Attendez de savoir que je suis avocat et que je connais à peu près tous les flics de cette ville, là vous aurez une bonne raison de chouiner !

Je pouvais voir le type qui m'avait pris mon portable continuer de courir à un rythme effréné, bousculant les gens, qui n'essayaient par ailleurs même pas de m'aider. C'est incroyable quand même. Ce seraient les premiers à se plaindre si ça leur arrivait, mais quand ça t'arrive à toi... Il faut que tu te débrouilles. Enfin, le voir c'était une chose, mais le rattraper c'en était une autre. J'étais définitivement bonne pour racheter un nouveau portable.
Alors que je m'étais quasiment arrêtée pour reprendre mon souffle et que j'étais prête à juste revenir au bar pour m'apercevoir qu'on m'avait embarqué le reste de mes affaires, un autre gars m'a dépassé. Et il avait mon sac à main ainsi que mes achats dans les mains. Super. Mes craintes s'étaient confirmées. Du moins, c'est ce que je croyais. Au final, il s'arrêta près de moi pour me les donner.

- Je m'en occupe !

À peine finit-il de prononcer ces mots qu'il était déjà reparti pour un sprint. J'étais à la fois surprise et contente. Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un m'aurait poursuivi avec mes affaires afin de me les donner avant de poursuivre le voleur. Je n'ai même pas eu le temps de le remercier...
Malgré tout, j'ai quand même continué à suivre les deux hommes de loin, même si j'étais loin de pouvoir tenir leur cadence. Après quelques minutes, je les ai finalement rattrapés. L'homme qui m'avait rendu mes affaires était devant l'autre, qu lui était à terre et qui se tenait le genou. J'ai cru entendre une punchline plutôt naze au passage, mais c'était pas ce qui m'importait. Je voulais juste récupérer mon portable, et j'allais bien l'avoir. Je m'accroupis devant le type qui était au final un jeune et lui dit sèchement :

- Donne moi mon portable tout de suite.

Pas de réponse. Il resta à terre, puis me pointa du doigt l'autre homme. Je me retourna donc vers mon « sauveur ». J'allais pas forcément l’idolâtrer, mais il avait au moins eu la décence de m'aider, lui. Et la première chose qui m'a frappé fut sa tenue. Comment pouvait-il courir aussi aisément dans  des vêtements pas très adaptés à la course ? Enfin, c'était pas vraiment important. Il affichait un sourire et m'a tendu mon téléphone intact, que j'ai vite rangé dans la poche de mon jean en lui retournant un léger sourire moi aussi.

- Non seulement vous l'avez stoppé, mais vous m'avez aussi ramené les affaires que j'avais laissé en plan. Je sais pas vraiment comment vous remercier... Vous voulez peut-être que je vous paye un café quelque part ?

Mon dieu, c'était la pire façon de remercier quelqu'un. Surtout un homme. Qu'est-ce qu'il allait bien penser ?
En attendant une réponse de sa part, je me retourna une dernière fois vers le voleur, qui avait encore les bras autour du genou. Mon instinct de médecin prit le dessus, et après avoir posé mes sacs à proximité, j'ai relevé son jean afin de voir l'éventuelle blessure qu'il s'était faite.

- Tu t'es juste éraflé le genou en tombant, rien de grave. J'espère juste que ça te servira de leçon.